Le mur invisible
Elle écrit pour ne pas perdre la raison. Elle s’est réveillée un matin dans le chalet de chasse de sa cousine et son mari chez qui elle était invitée. Ils ne sont pas revenus d’une sortie au proche village. Ils ne reviendront jamais. Pendant son sommeil, un mur invisible a surgi, inexplicablement, limitant désormais son univers à cette vallée surplombée par les parois abruptes des montagnes et de la forêt environnante.
Désormais, elle y survit péniblement et trime à longueur de journées, avec pour seule compagnie le chien Lynx, la vache Bella et la chatte sans nom. Le sien non plus ne sera jamais révélé.
Au-delà du mur, tout le vivant est mort et pétrifié, hors la vie végétale. Mais à l’intérieur du périmètre aux dimensions indéfinies, bêtes, oiseaux et insectes, continuent le cycle de vie. Le début du journal ne donne que peu de détails : elle était veuve depuis deux ans ; elle vivait seule déjà, loin de ses filles devenues adultes ; le mari de sa cousine, craignant une possible guerre nucléaire, avait amassé une quantité considérable de vivres et d’ustensiles de première nécessité, des allumettes notamment, de quoi tenir deux ans à l’économie. Les vainqueurs de cette guerre finiront par se manifester, à moins qu’il ne s’agisse que d’une sorte d’expérience planétaire ? Mais au fil du temps, elle y croit de moins en moins. La vie n’est rythmée que par les saisons et les manifestations climatiques (pluies, éclaircies, orages, foehn) et par la monotonie du travail harassant sans cesse recommencé : retourner la terre, planter les pommes de terres, sarcler ; couper le bois en prévision du rude hiver, soigner la vache providentielle, récolter ; tuer aussi parfois, pour se nourrir soi et les carnivores de la maison. Le gibier est devenu abondant sans les prédateurs disparus.
Paru originalement en Allemagne en 1968, ce récit pauvre en péripéties, vous plongera néanmoins en plein envoûtement et continuera de vous garder en son emprise au-delà de sa lecture. L’autrice parvient à maintenir une manière de suspense tout au long des pages, on attend qu’il se passe quelque-chose et à la fin … à vous de lire.
1060 Saint-Gilles
Bruxelles