Littérature et numérique
La digitalisation et les algorithmes ouvrent de nouvelles façons d’écrire. L’architecture du récit va-t-elle s’affranchir de la linéarité ? Les histoires vont-elles s’écrire toutes seules ? Le spectateur-lecteur pourra-t-il intervenir dans le cours de l’histoire ? Interactivité, non-linéarité, écriture automatisée… Révolutions ? Fantasmes ? Impasses ? Marronniers ? Danger ? La mise en commun de différentes démarches croisant ces questions, où dialoguent arts plastiques, évolutions technologiques et expressions littéraires, devrait permettre au visiteur et à la visiteuse de réinterroger les notions de texte, de livre, de page, de parole, de récit… Et bien sûr de questionner sa propre place, son rôle de percepteur/lecteur.
Cinq installations pour raconter le monde autrement
Living pages de Maxime Coton : dispositif de poésie en réalité virtuelle
Les promesses d’un récit de Yoan Robin : installation interactive mêlant livre et vidéo
L’algolitérateur, La Voix au chapitre et Greffer des arbres : trois installations d’Algolit, groupe bruxellois impliqué dans la recherche artistique sur les algorithmes et la littérature
La Maison du Livre n’a pas vocation d’être un acteur en arts numériques. Nous pensons en revanche qu’il existe une intersection avec la littérature et la poésie, qui gagnerait à être interrogée comme une source de possibles dans les pratiques narratives. Peut-on pour autant imaginer un livre immatériel, sans auteur, dans lequel des fragments de hasards s’agenceraient librement pour ne s’adresser à personne ? Les nouvelles pratiques permettent-elles de décrire au plus près l’état de notre société ou traduisent-elles au contraire un renoncement, au profit d’un monde atomisé de bulles algorithmiques ? Ces questions seront également posées, en ce compris de manière critique, lors des rencontres que nous proposerons autour de cette exposition.
Nous voulons cependant l’événement ludique, immersif et prospectif. Les liens avec l’Oulipo sont assumés : Algolit se réfère abondamment à Georges Perec, Les promesses d’un récit renvoient à Si par une nuit d’hiver un voyageur d’Italo Calvino et Living pages explore et explose l’espace de la page, la renvoyant à un territoire immersif, virtuellement infini.
Nous naviguerons ainsi entre un vent salutaire de remise en question généralisée et une inévitable frustration de se confronter aux limites. Non, tout n’est pas magique, immatériel et facile, mais oui, de vastes territoires restent à explorer pour qui veut tenter l’aventure immémoriale mais sans cesse renouvelée de raconter notre monde.