Fascisme fossile — L’extrême droite, l’énergie et le climat
Le Zetkin Collective est inédit en ce sens qu’il réuni en son sein universitaires et activistes, chercheur.euses et étudiant.es, dans le but de produire une recherche militante de qualité. Son cheval de bataille pour ce premier opus ? Le lien entre accentuation de la crise écologique et montée de l’extrême-droite par une analyse détaillée des programmes de multiples partis politiques en pointant, notamment la récupération que font ces partis de la problématique climatique.
Grâce à un long travail d’enquête, iels mettent en lumière le rôle historique qu’ont joué les politiques fascistes dans le développement des énergies fossiles. Plus concrètement, Naomi Klein et d’autres affirment que l’extraction des combustibles requiert des ‘zones franches’, lesquelles sont généralement habitées par des non-Blancs (les Amérindiens, les Oroni dans le delta du Niger, les Arabes en Irak, etc.). L’accaparement et l’empoisonnement de leurs terres n’est admissible que si leur valeur humaine est diminuée. On apprend, notamment, que la dimension raciale a été abondamment utilisée pour favoriser leur essor et leur promotion.
“Les routes nouvelles ont permis aux Blancs d’aller se réfugier dans des banlieues exclusivement blanches. Ils pouvaient dans leur voiture longer les ghettos noirs, lacérés et isolés par l’imposante infrastructure routière, sans côtoyer leurs habitants. (…) Jason Henderson a proposé le terme d’ ‘automobilité sécessionniste’ pour désigner le processus qui consiste à faire sécession avec les villes et les autres au moyen de la nature. Elle conduit à se séparer physiquement de la menace étrangère tout en maintenant les liens nécessaires avec la ville. La voiture est réputée pouvoir amener rapidement les gens d’un point A à un point B, mais elle permet aussi de garder des gens X éloignés des gens Y, fonctionnant aussi bien comme un pont que comme un mur. Mais le véhicule ne suffit pas : il faut de l’essence pour le faire avancer. La voiture et la banlieue blanche ont dès le départ présupposé une abondance de pétrole”
Les auteur.trices mettent en avant le lien entre blanchité et hydrocarbures sur base d’arguments abondamment étayés. Il s’ensuit un vaste travail d’analyse de la situation actuelle dans le monde occidental et de l’accaparement de certaines théories climatiques par l’extrême-droite. Dès le moment où les théories négationnistes longtemps prônées par les fascistes ne sont plus crédibles et le déni plus tenable, ces dernier.es se sont attelé.es à se réapproprier les thématiques écologiques en y incluant leurs valeurs intrinsèques que sont la nation et le repli sur soi. Ainsi s’est développée une écologie patriotique, que l’on peut également appeler nationalisme vert, où la protection de la nature passe par celle de la nation blanche et donc un nécessaire cordon de sécurité autour du capital fossile.
“On a entendu Marine Le Pen déclarer à plusieurs reprises au cours de cette campagne que les ennemis, ce sont les ‘nomades’ : ‘celui qui est enraciné, il est écologiste (…) Parce qu’il ne veut pas pourrir la terre sur laquelle il élève ses enfants. Celui qui est nomade, il s’en moque de l’écologie, parce qu’il n’a pas de terre !
A la lecture de cet ouvrage, nous apprenons que de tous temps, les idéologies racistes se sont construites sur une soi-disant supériorité occidentale basée sur les innovations technologiques. C’est sur ce fond idéologique que surfent aujourd’hui les extrêmes-droites pour se réapproprier un discours climatique en faisant de leur lutte contre l’immigration un acte écologique dans la mesure où il faudrait pouvoir contrôler son territoire pour en prendre soin. Ou quand l’arrêt du déni de la crise écologique provoque et engendre les arguments pour fortifier les frontières.
Fascisme fossile L'extrême droite, l'énergie et le climat - Zetkin Collective - La Fabrique éditions

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