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Face à un impératif écologique et politique de réfléchir à comment habiter le monde, tournée résolument vers un futur à construire, Romane Armand s’interroge sur quels abris choisir. Dans sa bande-dessinée Le Chagrin du Cairn, elle construit une narration à partir d’un déclencheur réel, puis saisit avec liberté la fiction pour écrire un récit qui propose de découvrir un combat humain, au rythme de la montagne et à l’allure du pas. Le Chagrin du Cairn se veut être une respiration poétique, une parenthèse dans un monde tourmenté, où il est essentiel de raconter des élans solidaires et d’arrêter de condamner celles et ceux qui luttent pour le vivant. En parallèle à l’élaboration de ce récit, elle s’est tournée vers la figure de la cabane, du côté de l’image imprimée cette fois-ci. Son intention est de laisser une trace de ce qui se trouve à la lisière ou tend à disparaître.

Les cabanes font partie de l’imaginaire fantasmé de l’enfance, pourtant aujourd’hui, elles lui semblent être des espaces politiques à penser. Abris de fortune, refuge social ou encore lieu de résistance les cabanes, avec leur aspect débraillé et leurs matériaux de récupération deviennent emblématiques d’un déni des normes esthétiques et sociales. Construire des alternatives avec les moyens du bord qui se fondent dans le paysage est une réponse in extremis face à la destruction du vivant.

C’est avec le même élan que sa pratique artistique se distille dans son quotidien. Construire des espaces où s'entremêlent fiction et réalité : Forgeries ; Porter des voix discrètes à la radio ; Soutenir le projet des Ateliers du Toner (atelier coopératif d’autoédition) ; Habiter une maison d’édition En 3000 éditions, alliant des idées de narration entre poésie et science-fiction et y faire communauté afin de pouvoir faire récit comme on fait société.

Artiste, auteure, dessinatrice et graveuse, Eléonore Scardoni atterrit à Bruxelles pour ses études d’illustration et de bande dessinée à l’Erg en 2012. En 2015, elle part pour un an en Erasmus aux beaux-arts d’Helsinki en image imprimée. En 2020, elle continue son apprentissage de l’image imprimée à l'Académie RHoK, elle se spécialise en lithographie.

Que ce soit en dessin ou en image imprimée, Eléonore Scardoni invente des mondes, des récits et des voyages allant poésie, science et fiction au sein desquels elle interroge notre façon d’arpenter et d’appréhender les territoires.

Depuis 2018 et avec Romane Armand, elles mènent un chantier graphique, narratif, collaboratif, et de fiction en Antarctique, celui de la revue dessinée de Forgeries. Ce projet est une création collective, extensible, qui vise à rassembler des personnes de tout horizon, en construisant une communauté par le récit. Avec ce projet elles montent Forgeries ASBL et En 3000 éditions et reçoivent en 2019 le prix de la Fédération Wallonie-Bruxelles pour une première œuvre de bande dessinée et en 2020 une mention spéciale du prix Victor Rossel avec la Scam pour l’innovation en bande dessinée.

Depuis 2020, Éléonore cherche à faire des ponts entre le dessin et l’urbanisme. Avec son projet Avifaune, elle écrit un récit sur la cohabitation des hommes et des oiseaux en ville. Par ce prisme elle s’intéresse au dessin que l’architecture offre à celles et ceux qui l’habitent et aux ambiances qui s'en dépeignent.

Son bureau et ses presses se trouvent à L’impression Forte, elle est aussi active au sein des Ateliers du Toner.